L’art de procrastiner

Pourquoi commencer cette aventure écrite par le verbe procrastiner ?

J’allais vous dire Il faut bien commencer par quelque chose ! Entre le moment où a émergé mon idée d’écrire sur un blog et le véritable acte d’écrire, plusieurs mois se sont écoulés. Si cette idée m’a tout de suite enthousiasmée, je l’ai rapidement mise de côté arguant des raisons :

techniques mon blog n’est pas créé, je ne peux donc pas écrire ;

temporelles je ne peux pas faire deux choses à la fois : apprendre l’anglais et écrire des phrases intelligentes ;

psychologiques ma pause intellectuelle n’est pas achevée ;

– ou simplement de non-motivation je ne suis pas inspirée aujourd’hui.

Avec du recul, et même sans cela !, j’analyse mon comportement comme relevant purement et simplement d’une tendance à procrastiner. Cette tendance, parfois qualifiée de pathologique, à différer et à remettre au lendemain une décision ou une action. (1)

Ne jamais remettre à demain ce que l’on peut faire après-demain [Mark Twain, Ecrivain américain, 1927 (2)].

Ce comportement m’est quelque peu familier, en effet, je le pratique dans ma vie quotidienne depuis … toujours il me semble ! Tant dans mon activité professionnelle (autant que je m’en souvienne) que dans ma vie personnelle, comme passer un coup de fil ou prendre un rendez-vous chez le dentiste par exemple.

Il me semblait que m’arrêter un instant écrit sur ce mot qui reflète mon état d’esprit du moment serait parfaitement légitime pour commencer cette aventure écrite et réflexive !

Comme dans toute « bonne » définition (mot qui m’irrite par dessus tout, peut-être fera t-il l’objet d’un futur écrit ?), commencer par énoncer l’étymologie du mot procrastination. Très rarement utilisé avant le XIXème siècle, ce nom féminin vient du mot latin procrastinatio qui signifie ajournement, délai. (1) L’action de procrastiner est effectuée par une procrastinatrice ou un procrastinateur, également appelé retardataire chronique. (3)

Mais procrastiner ne signifie pas ne rien faire, bien au contraire, c’est l’art de faire tout sauf la tâche que l’on doit faire. Et si comme moi, à mes heures perdues, vous êtes des to-do-listeurs, soyez assurés qu’en tant que procrastinatrice, je vais effectuer en priorité LA tâche la moins urgente, la plus facile ou la plus plaisante à mes yeux. Attention, même si la to-do-liste peut aider le procrastinateur a organiser son quotidien en termes de tâches et d’envies, sa perpétuelle ré-actualisation, quand enfin nous nous y mettons, peut être soit moteur de dynamisme (nouvelles envies, nouveaux défis, etc.) ou de démotivation (impression de ne jamais achever cette pu!*@°:?n de liste, éternel recommencement tel Sisyphe et son rocher) !

Finalement j’aime à penser à l’instar de l’écrivain belge François Weyergans que la procrastination, c’est une défense immunitaire face à une société extrêmement rude, un moyen positif de se défendre des assauts du monde contemporain. (4)

L’acte de procrastiner pose question et notamment celle de l’accélération du et des temps imposés par nos modes de vie contemporains : en jouant avec et sur le temps (repousser l’échéance), procrastiner serait finalement le moyen de vivre et d’exister dans cette spirale temporelle infernale ? Trois petits points Etc.

 

Source de la photographie : MG (moi-même) Mars 2016

(1) In http://www.cnrtl.fr/definition/procrastiner et http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/procrastination/64091)

(2) In L’art de reporter au lendemain. John PERRY – Editions Autrement – Collection Les Grand Mots – Paris 2012

(3) In https://fr.wikipedia.org/wiki/Procrastination

(4) In (http://archives-lepost.huffingtonpost.fr/article/2010/03/25/2004595_les-adeptes-les-plus-celebres-de-la-procrastination.html)